Macron-Napoléon, c’est Wellington qui le dit
The Economist est d’ordinaire pour la France ce que le duc de Wellington (1769-1852) fut à Waterloo, le 18 juin 1815: un exécuteur testamentaire impitoyable. L’hebdomadaire britannique, libéral et mondialisé, n’a en effet pas son pareil pour disséquer les maux tricolores, et remettre lorsqu’il le faut l’Église des faits et des données au milieu du village républicain.
Seulement voilà: Wellington est amoureux. Et l’élu de son cœur n’est autre qu’Emmanuel Macron, ce président français obsédé par l’attractivité économique de son pays, qu’il vante au président chinois Xi Jinping et aux patrons des multinationales les plus en vue. Lesquels seront bientôt reçus de nouveau à Paris le 13 mai, pour le traditionnel sommet «Choose France» (Choisir la France, of course...). Bilan du précédent: 13 milliards d’euros de promesses d’investissements. Un chiffre à rendre jaloux les banquiers d’affaires de la City…
Macron-Napoléon a donc retrouvé les faveurs de The Economist. A nouveau, l’interview qu’il lui a accordé le 2 mai a fait le «buzz», même si son contenu ne faisait que redire, en version anglaise, le contenu de son second discours sur l’Europe à la Sorbonne, le 25 avril.
Bonaparte et la NZZ
Mais n’est pas Napoléon qui veut: car à Zurich, chez nos confrères de la très libérale NZZ, le bicorne de l’Élysée ne passe pas. En une page bien informée, publiée deux jours après l’entretien accordé aux émissaires de la perfide Albion, le quotidien des bords de la Limatt remet justement la pendule impériale à l’heure. Le Napoléon de 2024 est seul. Il déborde d’idées solitaires. Il manque cruellement d’argent pour financer ses prochaines campagnes et son rêve d’expédier des soldats en Ukraine sème la panique à bord du navire européen.
En fait, le quotidien suisse aurait dû emprunter à The Economist sa couverture de septembre 2010, sur Nicolas Sarkozy. On y voyait à peine le président français, caché sous son bicorne, sous le regard de son épouse Carla. Le titre de l’époque: «The incredibly shrinking president». Le président qui rétrécit de façon incroyable. Sacrés anglais!
Bonne lecture, et n’oubliez pas Sainte-Hélène
(Pour débattre: richard.werly@ringier.ch) |
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| DES CHINOISES TRÈS NUCLÉAIRES |
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| BOIRE ET FUMER, C'EST COOL |
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| LAGARDÈRE, CAPITALISME HS |
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Au Louvre, la liberté, le sport et la Suisse |
Eugène Delacroix (1798-1863) aurait-il planté son chevalet à l’île Saint-Denis, pour peindre le village des athlètes des futurs Jeux Olympiques? Son œuvre, en tout cas, ravira les touristes et les spectateurs de ces JO qui s’ouvriront sur la Seine le 26 juillet. Le musée du Louvre vient de réinstaller, en grande pompe, sa toile la plus connue «La liberté guidant le peuple», après restauration et nettoyage. L’épopée sera donc au rendez-vous pour les JO, preuve que la fièvre olympique n’est pas qu’une affaire de stades et de chronomètres.
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Voilà, d’ailleurs, une belle occasion de fêter un talent helvétique. C’est autour de l’atelier du peintre vaudois Emile Gilliéron (1851-1924) que tourne l’exposition sur «L’Olympisme, invention moderne, héritage antique» que Le Louvre vient d’inaugurer. Gilliéron était le peintre et portraitiste attitré de Pierre de Coubertin, le père de Jeux Modernes. Il avait fait de la Grèce sa patrie artistique, et des jeux olympiques son sujet d’études et de dessin préféré. Les premiers timbres imprimés pour les JO? C’est lui. Les premières médailles? C’est lui. L’histoire ne dit pas si Gilliéron rencontra Delacroix, peintre de la «Grèce sur les ruines de Missolonghi», portraiturée en égérie républicaine, chemisier ouvert face aux tirs des colonisateurs turcs. Et je ne vous ai pas tout dit: durant les Jeux, les principaux musées parisiens accueilleront aussi des parcours sportifs, du break dance aux cours de yoga. On l’a déjà écrit ici: Paris sera une fête. Toujours pas convaincus?
Cliquez ici pour l’exposition «L’Olympisme, invention moderne, héritage antique»
Et ne ratez pas, à Paris, le superbe (mais petit) Musée Delacroix |
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| C CE SOIR, GAZA ET LES CAMPUS |
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| C DANS L'AIR, LES JO ET LES GRÈVES |
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| AU NOUVEL ESPRIT PUBLIC, BARDELLA-MANIA? |
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| OSER LES DROITS DE L'HOMME À GENÈVE ET À BRUXELLES |
Voici deux livres que les jeunes lecteurs désireux de s’engager pour la défense des libertés doivent au moins parcourir. Deux leçons de courage, dans un registre très différent. Ce qui rend d’autant plus pertinent le fait de les évoquer ensemble. |
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«Le cinéma, un art de combat» de Massia Pougatch (Ed. Slatkine) est le récit du parcours incroyable d’un homme qui, à Genève, symbolise toutes les résistances: Léo Kaneman, cofondateur du Festival du film et forum international sur les droits humains (FIFDH), ce rendez-vous incontournable des activistes et du débat, chaque printemps au bord du lac. «Créer du commun» (Ed. Fondation Henri La Fontaine), l’essai du journaliste belge Eddy Caekelberghs, est une plongée aux sources de ces fameux droits de l’homme. Pourquoi l’idée de se battre pour les libertés et le respect de la personne humaine s’est peu à peu installée dans nos démocraties? Depuis quand peut-on parler de droits – et responsabilités – de l’homme?
Entre Gaza et l’Ukraine
Alors que la tragédie de Gaza se poursuit et que la guerre en Ukraine nous renvoie chaque jour des scènes d’horreur dignes de la Grande Guerre de 1914-1918, ces deux ouvrages sont un cri d’espoir et un remède contre la fatalité. La place, d’abord, à Léo Kaneman. Ceux qui le connaissent, à Genève, savent sa pugnacité, son goût de l’échange et sa curiosité insatiable pour les hommes et les femmes qui se battent pour défendre leurs idéaux. Pour lui, l’enfant juif caché dans le centre de la France pour échapper aux rafles et à l’extermination nazie, dont la police française fut l’auxiliaire, la Suisse romande restera toujours une terre d’espoir.
Léo raconte, dans ce livre qui lui est consacré, comment Genève fut, dans les années 60-70, une cité du «bouillonnement d’idées […], illustré par des événements aussi marquants que le 'centre autonome', le mouvement des communes, le MLF, le groupe antipsychiatrie et celui contre le nucléaire». A chaque étape de sa vie, la volonté de bousculer les frontières et les limites est au rendez-vous. Exemple: le récit de cette année 2002 durant laquelle naît l’idée du FIFH avec Yaël Hazan. «Ma bataille pour les droits humains, je l’ai menée en souvenir de ces justes d’Id-Saint-Roch» argumente-t-il. Id-Saint Roch: le nom de la commune berrichonne où lui, sa sœur Suzanne et leur mère Léa, trouvèrent refuge entre 1939 et 1945.
Le cas de la Chine
On pourrait poursuivre avec d’autres moments clés de la vie de celui qui se laissa toujours guider par ses trois passions: celle des autres, celle du cinéma et celle des luttes qui émancipent. Massia Pougatch réussit le tour de force de nous associer à chacun de ces moments. Relire, page 132 et 133, le récit de l’arrivée à Genève d’Ai Weiwei, la star internationale chinoise de l’art contemporain est l’occasion parfaite de se pencher, en pleine visite de Xi Jinping en France, sur le cas des violations massives des droits de l’homme en Chine. Son pays lui ayant refusé un passeport pour venir en Suisse, Ai Weiwei, membre du jury du FIFDH, avait visionné les films chez lui. Sauf que la différence culturelle est parfois grande: en 2013, la visite de ses ateliers, à Pékin, laissera à Massia et Léo un goût d’inachevé…
La suite sur Blick: https://www.blick.ch/fr/news/monde/deux-livres-a-ne-pas-rater-oser-les-droits-de-lhomme-a-geneve-et-a-bruxelles-deux-lecons-de-courage-id19709225.html
A lire:
«Créer du commun» . Histoire comparée des sources des droits de l’homme par Eddy Caekelberghs (Editions de la Fondation Henri La Fontaine). «Le cinéma, un art de combat» par Massia Pougatch (Editions Slatkine) |
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