Bienvenue dans la France de Macron-Pompidou
Banquier d’affaires un jour, banquier toujours. Difficile de ne pas avoir cette pensée en tête alors qu’Emmanuel Macron a reçu à nouveau, tout sourire, le gotha du patronat mondial au Château de Versailles. «Choose France» (choisissez la France): vous connaissez la formule? La voici assortie de dizaines de milliards d’euros au comptoir des promesses. Six milliards en 2023. Quinze milliards en 2024. Le président français a fait de sa calculette son baromètre politique préféré. Flamme olympique côté pile. Flamme capitaliste de l’autre. L’attractivité économique rétablie de la France restera sans doute comme la marque des deux quinquennats Macron. Le pays est fracturé. Sa population est politiquement déboussolée. Mais la Bourse et les investissements étrangers se portent bien, merci!
A lire sur Blick: Emmanuel Macron, ce président qui ramène «en même temps» des milliards
Le problème est que le général de Gaulle l’avait bien dit lors de sa conférence de presse du 28 octobre 1966. Dans cette République, la politique «ne se fait pas à la corbeille». Alors, qui a raison? Macron, le président mondialisé qui parle à «The Economist», engrange les commandes d’usines et dit à ses compatriotes: «Remettez-vous au boulot, car il y aura des emplois disponibles»? Ou la figure du commandeur de Gaulle, président de la France des «Trente Glorieuses» qui avait bien diagnostiqué le mépris de ses concitoyens pour tout ce qui ressemble à des performances économiques?
Bon d’accord: il y a un milieu entre les deux. Je veux parler de Georges Pompidou, dont on vient de commémorer le cinquantième anniversaire de la disparition, le 2 avril 1974. Les années Pompidou étaient celles de la droite-reine, de l'automobile tous azimuts, de la bourgeoisie à cigares et de la production polluante triomphante. La morale de l’histoire? Emmanuel Macron a beaucoup joué au Jupiter «hors sol». Il est en fait, lui qui lorgne avec envie sur la prospérité suisse, l’héritier du plus auvergnat de ses prédécesseurs.
Bonne lecture, et méfiez-vous du fric!
(Pour débattre: richard.werly@ringier.ch) |
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Cette flamme olympique qui allume la France
Alors, cette fête olympique? Emmanuel Macron l’a promis et l’arrivée de la flamme à Marseille, le 8 mai, a allumé le feu. Et après? Selon lui, ces Jeux de 2024 peuvent transformer l’image du pays, à condition bien sûr que tout se passe bien, à commencer par la cérémonie d’ouverture inédite, sur la Seine, le 26 juillet 2024 à Paris. Lors de ses entretiens avec le président chinois Xi Jinping les 6 et 7 mai, le locataire de l’Élysée a réitéré sa demande d’une «trêve olympique». Possible? On en parle dans le seul podcast qui décrypte chaque semaine le pays d’Astérix en version helvétique. Avec Catherine Schwaab et François Garçon.
A écouter ici: La flamme olympique va-t-elle mettre le feu (sportif) à la France? |
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| A CANNES, L'ALARME #METOO |
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| SCIENCES-PO, GAZA ET LES PROLOS |
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Tourisme, la déconvenue olympique?
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C’est le quotidien (de gauche) «Libération» qui le dit en titre: «Pour le tourisme, les jeux sont faits.» En clair: les parisiens qui rêvaient de louer leurs appartements à des prix exorbitants, et les hôteliers qui avaient renvoyé leurs clients fidèles, risquent d’avoir des déconvenues. «Taux de remplissage des hôtels et des locations poussif, prix des hébergements à la baisse… A 100 jours du début des JO, l’eldorado financier ne semble pas au rendez-vous. Mais les acteurs du secteur espèrent des retombées à long terme», écrit «Libération». La flamme olympique va peut-être allumer le feu des passions sportives. Mais coté rentrées financières et touristiques, gare à la mauvaise surprise.
Il est bien sûr trop tôt pour se faire une idée. Début mars, le comité d’organisation national des JO, le COJO, annonçait huit millions de billets vendus. Va-t-on atteindre les 15,3 millions de visiteurs envisagés, dont 80% de Franciliens pour les Jeux olympiques puis paralympiques? C’est un peu là que le bât blesse. Le parisien ou le banlieusard en goguette ne vont pas faire rentrer beaucoup de devises dans les caisses. Pour rappel, en temps normal, la capitale française accueille environ douze millions de visiteurs provinciaux et étrangers chaque été. Les détracteurs des Jeux, fatigués des chantiers et des interdictions qui vont inévitablement pleuvoir durant les semaines de folie sportive, préparent déjà leurs arguments.
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| SUR PUBLIC SÉNAT, LA FRANCE PUISSANTE |
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| A 28 MINUTES, AVEC FRANÇOIS SUREAU |
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| A FRANCE 24, ON VA PLUS LOIN |
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PHILIPPE MEYER ET BERNARD PIVOT, DEUX ROIS DE L'ESPRIT FRANÇAIS |
Philippe Meyer me pardonnera peut-être. En temps normal, cette chronique aurait été entièrement consacrée à son livre de portraits «La prochaine fois, je vous l’écrirai» (Ed. des Arènes). D’abord parce qu’il le mérite à 100%, vu le bonheur que nous procure cette plongée, triste et magnifique, dans son cimetière personnel où reposent des personnalités si attachantes que Jean d’Ormesson, Michel Rocard, Charles Aznavour ou Pierre Desproges… |
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Ensuite, parce que le producteur du podcast «Le Nouvel esprit public» – au micro duquel je contribue régulièrement – est l’incarnation de ce que la France intellectuelle peut offrir de meilleur: l’intelligence du propos, la lucidité du regard et la dentelle des formules.
Sauf que Philippe Meyer a un problème, au seuil de l’éloge que cette chronique s’apprêtait à prononcer: son cimetière – que dis-je, son Panthéon – compte désormais un regretté compagnon de plus: Bernard Pivot, décédé le 6 mai.
Meyer-Pivot: l’un et l’autre se connaissaient, s’appréciaient et s’aimaient. La preuve: l’épisode du podcast «Le Nouvel esprit public» mis en ligne ce dimanche 12 mai et intitulé «Le chagrin et l’amitié». Écoutez-le. L’accès à cet entretien est gratuit. Vous comprendrez pourquoi ces deux-là étaient faits pour s’entendre. Même goût infini des nuances. Même appétit pour les tempéraments bien trempés. Même connaissance infinie de la littérature française. Même goût de la France d’hier, celle qui laissait encore de la place aux éloges sans être clouée au pilori pour favoritisme ou conflits d’intérêts.
À la Fondation Jan Michalski
Me revoici avec «La prochaine fois, je vous l’écrirai», ouvert devant moi au moment d’écrire ces lignes. Je vais donc être direct. Philippe Meyer, habitué à intervenir avec son équipe sur les hauteurs de Montricher (VD) à la Fondation Jan Michalski, est le type d’écrivain qui, en une page, vous décourage pour le restant de vos jours de continuer à écrire.
Les mots sont justes, acérés et jamais méchants. Le portrait est peint au fil de mots. L’on lit l’incapacité de Michel Rocard, ce politique féru de complexité, à comprendre que la politique et les hommes sont souvent une affaire de simplicité. L’on découvre l’écrivain Jean d’Ormesson – ses passages à «Apostrophes» le confirmeront – avant tout préoccupé par sa publicité personnelle et sa légende littéraire. L’on sent la douleur du cinéaste Bertrand Tavernier, passionné de westerns et réalisateur du somptueux «Capitaine Conan», face à un septième art qui sait de moins en moins raconter une histoire…
La suite sur Blick: Philippe Meyer et Bernard Pivot, deux rois de l'esprit français
A lire: «La prochaine fois, je vous l’écrirai» de Philippe Meyer (Ed Les Arènes). |
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